L’histoire d’une phobie scolaire qui se transforme en projet d’école démocratique

Je m’appelle Ludivine Richir, j’habite en Mayenne, près de Laval et j’ai 14 ans. Avant que le projet d’école démocratique naisse dans mon esprit et celui de mon père, il y a eu un long chemin.

Depuis toute petite, je sais au plus profond de moi-même que le modèle d’éducation actuel ne me convient pas. Cependant, je vois d’autres camarades s’y épanouir. Des doutes sont apparus en moi ; Est-ce que j’ai un problème ? Pourquoi je n’ai pas l’air de m’épanouir comme certaines personnes ?

Mais en fait, la raison est simple : comme tout le monde le sait, chaque être humain est différent, personne n’a exactement la même perception des choses, ni le même point de vue. Et c’est vrai que dans notre société, on tente inconsciemment de nous faire rentrer dans un moule, que d’autres personnes ont choisi pour nous.

Dès la maternelle, j’ai eu du mal à m’adapter au système scolaire. En grande section, je voulais apprendre à lire et on m’a mise avec des “moyens” dans une classe double (ils avaient mis les 4 plus âgés, dont je faisais partie, dans cette classe pour cause d’effectifs trop importants en grande section) ça a été la catastrophe !

Dès lors, j’ai commencé à développer une peur d’aller à l’école et d’aller dormir loin de mes parents. Partir en voyage scolaire en CM1 et en CM2 a été un véritable enfer pour moi. Je faisais des crises d’angoisse, je pleurais et me faisais traiter de bébé par les professeurs. Mes amis essayaient de me calmer mais rien à faire, c’était plus fort que moi. Pourtant, dans la même période, j’ai lancé ma chaine YouTube et j’ai réalisé une vingtaine de vidéos dont l’une a atteint plus de 1000 vues. Je ne souffrais donc pas de phobie sociale.

Au printemps de ma dernière année à l’école primaire, quelque temps après un voyage scolaire à Jersey où, malgré de nombreux granules d’homéopathie, j’avais de nouveau vécu l’enfer, je n’ai plus réussi à aller à l’école durant les deux derniers mois. Ca a commencé par des maux de ventre, des sorties de cours pour aller m’allonger à l’infirmerie, puis l’impossibilité de sortir de chez moi pour me rendre à l’école. Parfois je ne voulais même plus me nourrir tellement j’étais stressée, surtout quand arrivait le lundi et que j’avais peur que mes parents me forcent à retourner à l’école.

Je leur avais juré que je n’avais aucune peur d’entrer au collège et que tout se passerait bien à la rentrée suivante. Je suis une “bonne élève” et je sentais les enseignants, plein de bonne volonté et de bienveillance, très embêtés par la situation.

Mon entrée au collège en septembre 2017 fut une catastrophe. J’ai tenu la première journée, j’avais mis en place toute une série de stratagèmes pour contrer mes peurs et mon stress. Je n’ai rien réussi à manger à la cantine le midi et j’ai beaucoup pleuré le soir en rentrant chez moi. La seconde journée a été encore plus difficile, j’étais en limite de résistance, j’essayais de me concentrer pour écouter les cours, l’angoisse montait, j’avais une boule au ventre, je me voyais échouer dans mes études, je devais surmonter ma peur… La nuit a été très difficile et le matin, au moment de partir à l’école, j’ai fait une grosse crise d’angoisse qui a effrayé mes parents. J’étais allongée sur le canapé du salon, mon coeur battait très fort, j’étais toute blanche, je respirais très fort (hyperventilation) tout en pleurant toutes les larmes de mon corps. Mes parents ont appelé l’infirmière de l’école qui nous a dit de nous rendre à la maison des adolescents, qui nous a envoyé voir une psychologue à l’hôpital.

Le médecin scolaire a diagnostiqué une phobie scolaire (Sur 12 millions d’élèves français, 2 à 5% souffrent de phobie scolaire !) et on a pu aménager mon emploi du temps. J’ai gardé un orteil dans le collège en allant déjeuner avec mes amis le lundi et assister au cours de sciences le jeudi après-midi. Le reste du temps, je travaillais par moi-même avec l’aide de personnes de mon entourage ou de cours de soutien. Mes amis m’apportaient chaque soir les cours à recopier et les devoirs à faire, j’avais donc une double journée de travail et ça n’était pas très agréable de m’éloigner ainsi de mes amis, même si j’apprenais beaucoup de choses pendant mes journées.

Après les vacances de Pâques, j’ai réussi à revenir au collège et à reprendre doucement les cours en y allant un peu plus, petit à petit. La classe de cinquième a été très différente. Je suis allée tout le temps en cours et je me suis mis une pression infernale pour obtenir l’une des meilleures moyenne de la classe. J’étais totalement dans la compétition, il fallait que je réussisse à tout prix. Les professeurs étaient fiers de constater que j’avais surmonté ma phobie pour devenir l’une des meilleures élèves. J’ai même été élue déléguée de classe !

En quatrième, j’ai pris du recul et je me suis rendu compte que cette pression permanente pour la réussite ne menait à rien et ne me faisait pas avancer dans mon développement personnel. C’est à ce moment là que j’ai découvert la vidéo TedX de Ramïn Farhangi et que je me suis aperçu qu’il existait des écoles qui correspondaient mieux à mes besoins. Des école où l’on peut se développer, créer, entreprendre… sans pression et sans compétition.

Quelques mois plus tard, après avoir visité deux écoles démocratiques à Lille et à Paris, avec l’aide de mes parents qui soutiennent mon projet, j’ai décidé de monter ma propre école démocratique près de chez moi.

Pour réussir ce projet, aujourd’hui j’ai besoin de vous !

Références : https://www.femmeactuelle.fr/enfant/enfants/5-des-eleves-souffrent-de-phobie-scolaire-quels-symptomes-2069098

One Reply to “L’histoire d’une phobie scolaire qui se transforme en projet d’école démocratique”

  1. Bonjour Ludivine,
    Je trouve ton témoignage sincère et très courageux. J’imagine que d’autres jeunes se retrouveront dans tes paroles.
    Je trouve formidable que tu fasses un levier de cette phobie pour proposer un autre ordre des choses dans le scolaire.
    Je te souhaite une très belle réussite dans ce projet.
    Catherine (Stagiaire auprès de ta maman l’hiver dernier)

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